Aller au contenu

 

Un compagnon pour déjouer l'autisme

Des chercheurs de la Faculté d'éducation aident la fondation MIRA à venir en aide aux enfants autistes et à leurs familles

Les chiens-guides de la fondation MIRA sont bien connus pour changer la vie de plusieurs personnes non voyantes. Désormais, des chiens accompagnateurs jouent maintenant un rôle important pour aider les familles d'enfants autistes.
Les chiens-guides de la fondation MIRA sont bien connus pour changer la vie de plusieurs personnes non voyantes. Désormais, des chiens accompagnateurs jouent maintenant un rôle important pour aider les familles d'enfants autistes.
Photo : Fondation MIRA

30 avril 2009

Isabelle Huard

La fondation MIRA, en collaboration avec l'Université de Sherbrooke, effectue une étude qui vise à changer le quotidien de familles d'enfants autistes du Québec : celle d'introduire un chien d'assistance dans leur vie familiale. Cette étude permet déjà de récolter des données sur les effets bénéfiques du chien dans la vie d'enfants de 5 à 10 ans ayant un trouble envahissant du développement, dont l'autisme. D'ici la fin de l'année, c'est 100 familles qui auront pu bénéficier du programme, dont la plus belle concrétisation est d'avoir avec eux un chien MIRA en permanence.

Au départ, c'est une histoire d'amitié qui a conduit le professeur Marcel Trudel, du Département de psychoéducation, à s'investir dans ce projet. Peu de temps après sa mise sur pied, l'une de ses étudiantes à la maîtrise lui a manifesté son vif intérêt à l'accompagner dans ses recherches. Maintenant doctorante à la Faculté d'éducation, Stéphanie Fecteau travaille depuis deux ans à temps plein sur le terrain, en effectuant des suivis personnalisés dans chacune des familles associées au projet de recherche et ce, à travers le Québec. Annie Bélisle, étudiante à la maîtrise en éducation, lui apporte également son aide lors de ces suivis.

Selon le professeur Trudel : «Il est indéniable que le contexte de concertation et même de complicité entre la pratique, la formation et la recherche est exceptionnel dans ce projet avec la fondation MIRA, qui nous fait découvrir des connaissances inédites sur les contraintes et les potentialités de ces enfants et de leurs familles. Aussi, l'expérience acquise par les étudiantes des cycles supérieurs est unique et fort enrichissante sur le plan de la recherche, même si cela exige beaucoup d'engagement de leur part.»

Cet enthousiasme dépasse même nos frontières puisque Marie Maurer, une étudiante française, a choisi de venir faire un stage postdoctoral sur le sujet, aucune autre recherche du genre n'existant en Europe.

Créer un lien affectif et fonctionnel

Tout le monde connaît déjà l'existence des chiens-guides et leur utilité pour les personnes ayant une déficience visuelle. Mais depuis quelques années, un autre type de chien est entraîné pour venir en aide aux personnes ayant des limitations autres que visuelles. Il s'agit du chien d'assistance, précisément celui qui est utilisé pour le projet de recherche sur l'effet du chien dans la vie des enfants qui présentent des troubles envahissants du développement dont l'autisme. Les chiens du troupeau de MIRA, soit des labradors, des bouviers bernois et un croisement issu de ces deux races, le labernois St-Pierre, sont excellents pour ce type de travail.

L'aventure ne date pas d'hier puisqu'il y a déjà cinq ans, MIRA instaurait progressivement ce programme pour les enfants autistes de 5 à 10 ans. L'objectif du projet était déjà d'impliquer et de former des parents en utilisant le chien MIRA comme aide pédagogique.

Une fois sélectionnées, les familles entrent dans un véritable travail de collaboration avec les intervenants. L'un des parents de chaque famille vient sur le site de la fondation MIRA pour recevoir une formation d'une durée de cinq jours. Cette formation consiste à leur apprendre comment interagir efficacement avec le chien qui leur sera confié au cours des 12 semaines suivantes.

Apprendre à mieux vivre grâce à son chien

Le psychologue associé au projet chez MIRA, Noël Champagne, affirme : «Il est démontré scientifiquement et humainement que plus l'intervention est précoce dans la vie des enfants, toutes catégories de déficience confondues, plus leur développement et leur condition de vie s'améliorent et se normalisent, de même que celles de leur famille. Il est intéressant d'amener des intervenants à bâtir des actions sur des données probantes, plutôt que sur des intuitions.»

Il ajoute : «Ce qui est fascinant, c'est de voir que l'enfant commence à regarder un chien et apprend du chien. C'est assez spécial. Le chien attire et aide l'enfant à garder son attention visuelle. De voir un enfant prendre un chien par le collier ou par la laisse et être capable d'aller se faire observer par un médecin, sans faire de crise, c'est déjà beaucoup.»

Une contribution exceptionnelle qui facilite la recherche

D'après Marcel Trudel : «Les chercheurs dans le domaine ont souvent de la difficulté à recruter des échantillons représentatifs de familles ayant un enfant autiste. On peut comprendre que ces dernières, compte tenu de la lourde responsabilité parentale liée à la présence d'un enfant atypique, ont peu de disponibilité pour participer à des projets de recherche. Ici, les familles considèrent plutôt que la contribution de MIRA est tellement importante qu'elles n'hésitent pas à accepter de participer volontairement à cette expérimentation, ce qui diminue le taux d'attrition auquel les chercheurs sont souvent confrontés dans ce type de recherche.»

Dans cette même lignée, un nouveau projet de recherche est présentement en cours chez MIRA. L'originalité et l'innovation de ce programme est de cibler des enfants de moins de cinq ans, et donc d'agir précocement. Dans l'ensemble, le but premier du projet est d'intervenir auprès des parents afin d'atténuer le trouble envahissant chez leur enfant et d'améliorer leur conduite générale. Une démarche qui devrait produire un effet d'entraide entre les parents et ainsi leur éviter l'isolement social. À noter que les familles participantes sont sur la liste d'attente pour recevoir des services du secteur public.

Le projet s'étendra jusqu'en décembre et comprendra la sélection et l'évaluation des participants, la participation à une formation de 35 heures, des sessions de rétroaction et d'évaluation, l'attribution d'un chien MIRA et un suivi personnalisé dans chacune des familles trois mois après son attribution.

Les témoignages de gratitude provenant des parents sont nombreux : «Je sors de chez MIRA avec un chien et avec beaucoup d'outils pour mon fils, car l'entraînement de cinq jours m'a apporté une certaine rigueur et une force pour travailler avec lui.»